Lili Cachou vit à la campagne et adore chanter dès le réveil. Elle a de nombreux voisins et amis, parmi lesquels figurent notamment un coq, un canard, ou encore Toto l’éléphanteau. Tous aiment
l’entendre chanter, et même si leurs voix ne sont pas aussi mélodieuses que la sienne, ils n’hésitent pas à pousser la chansonnette avec elle. Le coq réveille tout le monde le matin, le caneton
s’amuse à faire sa toilette après son déjeuner, le petit éléphant aime jouer avec les autres animaux… Tout ce petit monde est joyeux et tout va pour le mieux, jusqu’à ce que Toto appelle Lili
Cachou à l’aide : un mystérieux individu lui a volé son doudou ! La jeune fille ne se fait pas prier, et s’élance aussitôt dans la forêt pour aider tous ses amis, à la recherche du vilain
ravisseur, qui ne manque pas de piquant.
Le cadre dans lequel se déroule cette petite histoire est tout-à-fait charmant, et propre à stimuler le sens visuel des tout.es-petit.e.s. Carmel Petit
manipule ses marionnettes derrière un castelet sur lequel est peint et sculpté un joli décor champêtre figurant d’un côté la petite maison de Lili Cachou et de l’autre la forêt voisine. Les
marionnettes elles aussi sont très réussies, d’un aspect pelucheux les rendant immédiatement sympathiques aux yeux des enfants auxquel.le.s elles peuvent
rappeler leurs propres jouets familiers.
La comédienne marionnettiste excelle de surcroît dans l’art de leur donner des voix à la fois mignonnes et amusantes, immédiatement reconnaissables par son jeune public.
De même, l’intrigue est parfaitement calibrée en termes de durée pour capter l’attention sans lasser les enfants, ainsi qu’au niveau des enjeux dramatiques, qui sont réels puisqu’il est
primordial pour Lili et les petits animaux de déjouer les plans du ravisseur et de retrouver leurs doudous, mais ceci sans que la tension ne soit jamais trop forte pour la sensibilité des jeunes
spectateurs et spectatrices, qui ne risquent ainsi pas de prendre peur. Le ton global reste ainsi toujours assez joyeux, drôle et entraînant même lorsque le plan du « méchant » de l’histoire est
dévoilé.
Le charme de cet « Opéra de Lili Cachou » réside aussi grandement, et ce non seulement pour les tout.es-petit.e.sauxquel.le.s il est premièrement destiné, mais aussi pour les grand.e.s qui les accompagnent, dans les magnifiques airs interprétés avec maestria par une Carmel Petit
qui, outre un réel talent de comédienne et de marionnettiste, met au service du spectacle sa formation de chanteuse lyrique. Ainsi, sa voix enchanteresse fait découvrir aux enfants de grands airs
d’opéra parmi lesquels les parents reconnaissent, parmi d’autres, notamment « Carmen » de Bizet, « Les Contes d’Hoffman » d’Offenbach, « L’appel de la Valkyrie » de Wagner, ou encore « La
Traviata » de Verdi. Outre le ravissement musical, c’est là encore un habile moyen de stimuler l’éveil des bambin.e.s dont l’ouïe n’est pas forcément déjà habituée à entendre une telle variété de
notes et de mélodies.
Tous ces aspects sont le fruit d’une réflexion très pertinente de la comédienne, qui met à profit son expérience professionnelle extérieure à la sphère purement artistique puisque, titulaire d’un
CAP Petite Enfance et ayant travaillé en crèche, elle est parfaitement au fait des tenants et aboutissants en matière d’éveil. De même, tous les éléments permettant l’identification et la
formation de l’image de soi sont présents dans cette création, et ce de façon subtile comme lorsque la marionnette de Lili Cachou laisse temporairement place à Carmel Petit portant la même tenue
qu’elle et interagissant avec les autres personnages de l’histoire. Les enfants peuvent ainsi faire le rapprochement entre le personnage fictif et la personne qui lui donne vie, pendant le
spectacle mais aussi après, lorsque l’occasion leur est donnée de regarder les marionnettes de plus près, et même de les toucher sous la supervision de la comédienne, et ce pour leur plus grand
plaisir.
N’hésitez donc pas à emmener vos enfants découvrir « L’Opéra de Lili Cachou », qui se joue tous les Mercredi matins au Nid de Poule à Lyon, pour passer ensemble un bon moment d’amusement et
d’éveil grâce à une jolie histoire pleine de charme aux accents d’une si belle musique !
La dernière torture est un très bel hommage au théâtre du Grand-Guignol. Ce spectacle nous fait vivre toute la violence et l’absurdité de la guerre.
Tout commence, comme le veut la tradition, par une première partie comique et rythmée qui nous raconte la tenue en 1900 d’un Etat-major français. Il s’organise pour mater la rébellion chinoise et
porter secours à leur camarades encore coincés dans l’ambassade française de Pékin.
On ne peut pas s’empêcher de rire face à la dérision des propos, aux personnages grotesques, à la rythmique de la diction et au tempo mécanique des corps sur scène. On est immédiatement tenté de
se rappeler les films de guerre, réalistes comme parodiques tels que Tonnerre sous les tropiques, Full Metal Jacket ou encore l’incontournable Apocalyspe Now. Sans
oublier des références directes à Star Wars : Le Général d’Etat-major, tel Dark Vador, étrangle par « le pouvoir de la force » un de ses subordonnés insubordonnés.
C’est une partie bien rythmée qui permet des rires mais aussi des questionnements chez les néophytes des traditions Grand-Guignol : « Dans quoi sommes-nous tombé.es ? Quel rapport
avec la Dernière Torture ? ». C’est en arrivant sur la deuxième partie bien plus sombre et plus sérieuse, que l’on comprend immédiatement l’intérêt d’un tel préambule : alléger nos
ressentis de spectateur.trice face aux souffrances de ces hommes et ces femmes qui, désespéré.es, se débattent face à une mort certaine.
Sur un chant de la légion étrangère, une faible lumière éclaire la scène et nous voilà passé de l’Etat-major à l’intérieur de l’ambassade assiégée. La situation est grave et pesante : 55
jours d’attente, c’est là la Dernière Torture pour ces rescapé.es qui comptent chaque seconde de la fin de leur vie.
Le travail de lumière de la Dernière Torture est à féliciter. Il vient tantôt souligner et guider, tantôt appuyer et raconter toutes les horreurs de la situation dans laquelle se
trouve ces personnages. Nous les accompagnons dans leurs souffrances. Nous voyageons aussi grâce au travail sonore, qui fait partie intégrante de l’ambiance : bombardements, bruits de
balles, bruits sourds, etc. C’est cette création sonore qui permet au public de ne pas être oppressé par une immersion malsaine du réelle mais bien accompagné dans quelque chose de plus fin,
lui permettant de souffler et de se sentir en sécurité.
La qualité du maquillage et des effets spéciaux réalisés par Annette Rochard renforce le caractère immersif du spectacle : du sang en gerbes, un crâne défoncé, du gore plein la vue, mais
sans jamais être gratuit.
Enfin, le jeu des comédien.nes est sincère, passe d’une dimension délirante à une dimension plus réaliste. La Dernière Torture sait nous
accompagner avec un cœur sanglant et généreux dans les abysses de l’horreur humaine.
Sylvain Mengès
Article posté le 17 Mai 2017
ARLYOMAG
Quand l'horreur s'invite au fou ...
Jusqu'au dimanche 6 octobre, le Théâtre Le Fou,
charmante petite salle des pentes, accueillera la compagnie Lune Noire et leur création La Dernière Torture. Entre théâtre d'horreur et Grand-Guignol, un pari a été rempli : envoyer dans
la tête du spectateur toutes sortes d'émotions fortes...
Le théâtre Grand-Guignol, vous connaissez ? Un
genre à part dans le panorama théâtral actuel. Oublié, peut-être, ou du moins, remodelé dans des formes nouvelles qui s'inspirent de son impact émotionnel fort et immédiat. Pourtant, le
Grand-Guignol perdure, sous la forme d'une esthétique : celle du théâtre de l'horreur, du trash, du sang, entre rires sincères provenant de la pause comique et spectaculaire, sanguinolente…
C'est ce genre méconnu, datant du début de XXe siècle, dont s'inspire la compagnie Lune Noire avec La Dernière Torture, jouée du 3 au 6 octobre au Théâtre Le Fou. Attention : si vous
ratez la pièce cette année, elle reviendra en mai 2017… et Arlyo ne manquera pas de vous le rappeler !
Vous avez dit Grand-Guignol ?
Comme nous l'expliquait Ambre Cossali, membre de la
compagnie, le terme de « Grand-Guignol », avant de devenir le genre, était une salle de spectacle parisienne. Sa spécialité ? Des pièces macabres et sanglantes, entre effets scéniques
spectaculaires (jambes tranchées, viande véritable, sang animal…) et drames de conspirations, de sociétés secrètes et de complots funestes. Plus tard, la salle donnera son nom au genre, et à
l'adjectif « grand-guignolesque », le terme désignant aujourd'hui l'utilisation esthétique de la violence à travers de grands effets visuels.
Un genre qui bouscule l'émotion et provoque la
réaction immédiate des spectateurs. Vous sortez de là la boule au ventre, vous en avez pris plein les yeux. À la manière d'un film d'horreur — mais, évidemment, en plus percutant, nous
sommes au théâtre ! — le Grand-Guignol procure des émotions vivaces. Est-ce toujours agréable ? Non, plutôt grisant, angoissant. C'est l'amour de la peur qui parle : j'ai été terrorisée pendant
une heure, et pourtant, le moment n'a pas été désagréable.
C'est sous le seul angle de l'émotion et du
spectaculaire qu'il faut prendre ce genre : tenter de l'analyser sous un autre axe ne serait pas concluant. Ce n'est pourtant pas un genre dénudé d'intelligence ou de profondeur, il est doté d'un
énorme potentiel, puisqu'il s'attaque aux sens avant d'aller à l'intellect. Nous n'avons donc pas le choix : il nous faut accepter de ressentir, d'être pris en otage par le spectacle. Faisons le
choix de nous bousculer. Et assistons à la Dernière Torture ...
Le rire et la puissance
Le spectacle s'ouvre sur un intermède comique : le
spectateur est un « soldat » qui assiste aux disputes grotesques des généraux et compagnie. Le contexte est pourtant glaçant : en 1900, en Chine, des soldats colonialistes français se
retrouvent encerclés par les Boxers. Leur dernière torture sera l'attente...
Tous les schémas sont très connus : le texte, les
personnages, les éléments scéniques... Tout rappelle les célèbres et traditionnels films de guerre, le motif du soldat qui doute, de celui qui garde espoir, d'un autre songeant à une jolie femme
ou à ses enfants. La véritable originalité de la Lune Noire, c'est leur utilisation intelligente du grand-guignolesque : la peur, la vraie, qui saisit les personnages, entraîne avec elle la
salle. Nous sommes plongés dans un noir dont nous soupçonnons les secrets, terrifiés par l'irruption d'un soldat en sale état, surpris par des jumpscares terriblement efficaces... Le sang,
la peur, l'attente, les effets spectaculaires, le grotesque de certains personnages... Tout est emprunté au genre du Grand-Guignol et du théâtre d'horreur, mais avec une touche de décalage et de
modernité grisante.
Le tout est porté par une équipe de comédiens
engagés. Personne n'a fait semblant et tout a été assumé jusqu'aux saluts. Voilà une véritable authenticité : voilà du théâtre, et ça, ça fait du bien, dans le fleuve des créations
contemporaines, où tout semble factice et acheté. Au Fou, j'ai eu peur, j'ai été angoissée, j'ai vu l'univers de la guerre, j'ai ri d'un rire franc et, en sortant, j'étais vidée et nerveuse.
Enfin quelque chose qui ne m'arrive plus au théâtre : ressentir !
Laurie Guin
– Arlyomag Lyon – 6 Novembre 2016
L’ENVOLÉE CULTURELLE
La dernière torture : soirée grand-guignolesque pour Halloween
Que faire le soir d’Halloween pour les amateurs de théâtre et de performances macabres ? Le Théâtre le
Fou proposait une soirée autour du Grand-Guignol, un genre apparu au début du XXè siècle
mêlant burlesque et spectacle d’épouvante. Organisée par la compagnie Lune
Noire, cette soirée accueillait plusieurs artistes issus des compagnies Art’R’Natif et La
Fabrique
Abrupte et présentait deux spectacles, Crime
dans une maison de fous ou les infernales et La
dernière torture. Ce dernier sera rejoué à partir du 3 novembre jusqu’au 6 dans ce même lieu.
Carte blanche pour soirée noire
Un portier grimé en Frankenstein, une salle d’attente remplie de zombies ensanglantés, une opération d’avortement plus que douteuse au premier étage… Bienvenue au théâtre le Fou pour
cette soirée d’Halloween. Au menu, deux spectacles joués par la compagnie Lune Noire et différentes performances sanguinolentes. Celles-ci regroupent des acteurs issus de plusieurs
compagnies, ayant pour seule consigne de laisser aller leur imagination. Au rez-de-chaussée, meurtriers, égorgés et autres accidentés de la route et attendent d’être reçus par le fameux
docteur Copperbot, radié de l’ordre des médecins. En haut, les bruits d’une étrange opération qui va bientôt avoir lieu. Pour Ambre de la Lune Noire, l’idée est de réunir des acteurs
« qui viennent, qui sont chauds de se montrer, de se faire connaître, de mettre de l’ambiance, et de jouer surtout. Le but principal c’est de jouer, c’est de s’amuser, et faire
plaisir aux gens ». Comme dans Poulet et décadence, organisé quelques semaines
plus tôt au même endroit, le spectateur est amené à voyager par lui-même à travers les différentes performances qui parsèment le théâtre. Un bar à vin aidera celui-ci à s’immerger plus
facilement dans cette ambiance déroutante et à faire connaissance avec ces charmants mort-vivants. Complétant les deux spectacles, elles permettent au spectateur « de s’évader un
petit peu, boire un coup, tout en restant dans une ambiance d’Halloween ». C’est aussi une manière pour le théâtre le Fou de laisser carte blanche à des compagnies et d’attirer
un public différent des spectacles traditionnels. Pour Renaud Rocher, directeur artistique du théâtre et membre de la compagnie Essentiel Ephémère, « cette année ils avaient carte blanche ici, et ils ont fait une belle soirée avec cette salle d’attente pleine de zombies, et cette opération
à l’étage qui tournait mal. Et avec deux interventions qui on fait salle comble ce soir. Donc voilà quelque chose qu’on renouvèlera, de faire un événement Halloween sans doute chaque
année ».
Guerre et épouvante
En plus des performances, cette soirée d’Halloween conviait un genre théâtral apparu au début du XXè siècle dans une petite salle parisienne, le Grand-Guignol. Lointain cousin du théâtre de
boulevard, il associe des pièces burlesques et des histoires macabres et violentes. « En gros, on fait flipper les gens, ils sortent boire un coup, on les détend, et on les refait
flipper » m’explique Ambre. La première représentation, une lecture d’Un crime dans une maison de fou d’André de Lorde, place le spectateur dans un asile de fou du début du
XXè siècle. Pupitres et tenues noires, une scène dépouillée de tout décor, la jeune troupe réussit à faire monter la tension, palpable dès les premiers instants, jusqu’à son paroxysme
sanguinolent. Après un entracte entrecoupé de nouvelles performances, la représentation reprend avec cette fois une adaptation de La dernière torture d’André de Lorde et Eugène
Morel. Ecrite en 1904, cette pièce est librement inspirée d’un épisode de la révolte des Boxers qui se déroula en Chine entre 1899 et 1901. À Pékin, le consulat de France, ainsi que les
autres légations des pays occidentaux, sont assiégés par les troupes de Boxers. Dans une atmosphère tendue, le consul, sa fille et une poignée d’hommes vont devoir résister à la faim, au son
du canon et à l’ennemi invisible. Préfigurant les films de guerre et d’épouvante, cette pièce emmène le spectateur dans l’intérieur d’un conflit, façon Apocalypse Now. « On
commence par une lecture, on met les spectateurs en tension gentiment, on les fait écouter, sentir, frissonner, et ensuite on leur balance la guerre ». Mise en scène collective,
elle fait intervenir des éléments anciens et plus récents : « C’est remettre du neuf dans des vieux textes aussi. On a voulu non pas se remettre dans l’armée de ces années là,
on s’en fout des anachronismes, on a utilisé des vêtements d’aujourd’hui ». Présentée l’année dernière au théâtre Le carré 30, elle sera jouée au Théâtre le Fou du 3 au 6 novembre.
Mêlant burlesque et scènes d’horreur, cette soirée d’Halloween était une expérience amusante. Interactive, elle permet de découvrir ou redécouvrir le théâtre d’un œil nouveau, tout en buvant
un verre et en jouant au poker avec des zombies.
Les amateurs de poulet et de swing avaient de quoi se réjouir le jeudi 29 septembre s’ils passaient devant le Théâtre
Le Fou dans le 1er arrondissement.
Organisé par la compagnie
Art’R’Natif, Poulet
et Décadence était de retour à Lyon pour une troisième édition. Accordéon, Viandox et drag-queen au
menu, ce « bal théâtral » proposait une approche singulière du théâtre, basée sur l’échange entre les artistes et le public.
Un théâtre participatif…
Que l’on n’ait pas mis les pieds dans un théâtre depuis le collège ou que l’on soit fin connaisseur, pas d’inquiétude, Poulet
et Décadence s’adresse à tous les publics. Le principe ? Plusieurs compagnies investissent un même lieu, « du
bar aux toilettes en passant par le salon » et proposent dans chaque pièce différentes saynètes et ambiances. Selon Victor de la compagnie Art’R’Natif, « chacun
fait ce qu’il veut, les compagnies ont carte blanche », le but étant de réaliser une performance improvisée ou non autour du théâtre. Ici, la parole est libre de se prendre ou de se
donner. La relation entre artistes et spectateurs est vue sous un autre angle, où souvent ces derniers sont sollicités pour faire partie prenante du spectacle. Ainsi dès l’ouverture, le
public se retrouve sur scène face aux comédiens assis dans les gradins. La distance entre les deux s’atténue au fur et à mesure que les salles rétrécissent. On se retrouve ainsi enserrés à
six dans une petite salle de bains, pendant qu’une accordéoniste joue assise sur les toilettes et qu’une autre comédienne prend sa douche… Même ambiance dans le couloir, ou dans le salon à
l’étage. Dehors, des musiciens font danser la foule sur des airs de funk/soul pendant que des comédiens animent la chorégraphie. Bien sûr, un poulet mariné préparé par un cuisinier
en drag-queen clôt
la fin des spectacles. Pour Ambre de la compagnie Lune Noire, c’est aussi un moyen « pour
se montrer, créer des liens, se mélanger. Ça nous permet de faire notre com’ ». Basé sur la libre circulation des personnes et des idées, Poulet
et Décadence amène le public à déambuler d’une salle à l’autre à la découverte des différents spectacles. Jetant aux orties le traditionnel rôle du spectateur passif confortablement
installé dans son fauteuil, il revisite le lien entre ce dernier et le monde du spectacle, permettant une lecture nouvelle et une appropriation de ce monde au gré des goûts de chacun.
Organisé dans le cadre d’un replay du
festival Les
Bravos de la Nuit de Pélussin consacré au théâtre contemporain, Poulet
et Décadence se veut aussi comme une réflexion sur notre société et notre façon de consommer de la culture. À travers l’improvisation et l’expérimentation, il privilégie
l’accessibilité et l’ouverture à tous types de publics. Dans cette redécouverte du lien artiste/spectateur, on peut voir une façon de refuser l’élitisme culturel et d’amener le public à
s’investir et à mieux choisir sa consommation. Atelier maquillage-concert, bibliothèque participative, rencontres autour d’un verre de Viandox… les idées fleurissent pour faire passer à tout
ce petit monde un moment convivial et décalé. Théâtre alternatif, mais aussi vivant. Pour le Théâtre le Fou, il s’agit avant tout de promouvoir des « auteurs
vivants faisant du théâtre sociétal », apportant des créations originales « portantsur
notre société ». Leur programmation laisse la part belle à la création et à l’imagination, en favorisant des spectacles contemporains.
Poulet et Décadence est le genre d’événements qu’on aimerait bien voir plus souvent. Original, drôle et décalé, il propose une alternative à la lourdeur institutionnelle que proposent
certains mastodontes du théâtre à Lyon. On attend la prochaine édition avec impatience.